La peinture à l'ha - oua - ile

Parmi les natures déjà mortes que des peintres du dimanche mais surtout des jours fériés trucident pour la deuxième fois à coups de pinceau malhabiles et de couleurs marronâtres , couverte d'opprobre , de lazzi et de quolibets , je persiste de manière indécente et dans l'hostilité générale à achever mon grand œuvre en la personne de cet androgyne danseur de samba ... J'arrive bientôt au terme de mon calvaire puisqu'il ne me reste plus qu'à peindre la volute à gauche et le clip au centre des plumes de la tête , et y apporter les dernières touches finales ( notamment au collier ) avant de parapher la chose ...

Il est possible que la bien pensance ait raison de ma courageuse tentative pour sortir des ornières et des oeillères des clubs de peinture et que l'on me refuse tout simplement le droit de le présenter lors de la prochaine exposition ... Pour moi , ce serait la gloire , car je connaitrais enfin les affres des peintres refusés dans l'histoire de la peinture pour défaut d'académisme , .

Peu me chaut d'exposer ou pas d'ailleurs , car j'ai trouvé mon frère de Van Gogh en la personne d'un fan marseillais qui me prend toutes mes toiles représentant des masques , et que j'appelle affectueusement mon Fada de la Canebière ... J'ignore ce qu'il en fait ... Peut-être cherche-t-il à en capitonner sa cabane au fond du jardin pour se protéger des rigueurs du mistral ...

Comme je suis d'un entêtement invétéré , je persiste dans mon erreur , et j'ai déjà fait le croquis de la petite sœur de ce tableau ... une autre danseuse emplumée du carnaval de Rio ...