UBU roi ? ...oui mais pour combien de temps encore ?

      

     J'avoue que je ne rajouterai ni ne retirerai rien à cette matinée de mercredi ensoleillée , mais je dois l'admettre , particulièrement " rassasiante "... me refusant à juger qui que ce soit,et laissant à chacun le droit d'en tirer les justes conséquences ...

     J'avais ce matin-là , deux préoccupations majeures ... une vieille voiture qui me sert à transporter mes croûtes  aux expositions n'avait plus de batterie et gisait lamentablement privée de son énergie vitale , et j'avais reçu un courrier des impôts qui semblaient ne pas avoir pris en compte le décès de ma mère , survenu il y a pratiquement un an , jour pour jour ...

     Je commençai par me rendre à la Trésorerie , munie de leur courrier et d'un certificat des pompes funèbres attestant de la date du décès ... L'accueil y fut bref , sitôt exposé le motif de ma visite , l'homme derrière l'hygiaphone , mais je me demande s'il ne s'agit pas en fait d'une protection contre les balles de tous calibres , me répondit doctement mais chichement :

     " Vous voulez que je vous dise , vous n'avez qu'une seule chose à faire de ce courrier : classement à la poubelle !"

     Je lui objectai qu'il s'agissait d'un document de son administration tout ce qu'il y a de plus officiel , mais je ne réussis apparemment qu'à lui en toucher une sans bouger l'autre ...  Son mutisme me congédia comme une manante.

     Je le remerciai quand même , rangeai mes documents dans mon sac et m'apprétai à partir lorsque je l'entendis glapir derrière sa vitre protectrice :

     " Si toutefois vous en recevez un autre, venez immédiatement me voir !"

     Je me plaquai alors contre le mur de la Trésorerie et mis mon poing dans la bouche pour me retenir de hurler :

     - Mais , pauvre con , si je viens justement aujourd'hui , c'est pour éviter de recevoir une autre missive de ce genre !

     L'air frais me fit du bien ... je contournai le Syndicat d'initiative , et après deux mots de causette à mon jeune marchand des quatre-saisons j'entrai dans le bureau de poste pour y acheter des timbres  que j'aime toujours à prendre s'ils sortent de l'ordinaire , me disant qu'ils feront peut-être la joie de quelque collectionneur ...

     Le bureau était  étrangement désert lorsque je m'avançai vers les articles en vente libre ... Je n'eus même pas le temps de choisir mon bonheur qu'une préposée tout sucre et tout miel s'avança vers moi pour répondre à mes désirs. J'en fus un peu interloquée , car c'était la même qui m'avait envoyée dans les choux , sans ménagement , lorsque j'essayais péniblement d'adresser mes avis de décès en recommandés avec accusés de réception à partir des automates dont la poste venait fièrement de s'équiper ...Depuis lors , les usagers avaient appris à se passer du personnel peu amène ,et même franchement rébarbatif , mais qui se proposait maintenant de relever les compteurs électriques pour maintenir un taux d'activité suffisant justifiant la continuité de leur bureau de poste ! Il faut quand même savoir ce que l'on veut  , non ?

      C'est avec plaisir que je retrouvai mon petit garagiste , la tête dans un motoculteur et le visage maculé d'huile noire , obligé qu'il était de se diversifier avec les engins de jardin pour survivre à la crise... Je lui dis ce qu'il en était de ma vénérable totomobile , lui en laissai les clés ...Il viendra la chercher pour la dépanner aujourd'hui !