31 Octobre au soir ...

    

     Il faisait un temps à ne pas abandonner un ectoplasme dehors...Pourtant à la lueur des quelques citrouilles qui rigolaient encore dans le jardin dimanche dernier  ,et que j'avais proprement mais cruellement arrachées à leur milieu naturel , escalopées et évidées sans pitié , pour les laisser , le regard creux  et la bouche béante , à peine armée d'une misérable canine menacée par une impitoyable carie dentaire, rendre leur dernier soupir sur les marches qui montaient à la terrasse aujourd'hui ensanglantée par les lueurs des bougies fluorescentes parfumées à l'ail et à la cive , je crus en discerner un planqué dans l'acacia mort depuis belle lurette de mon voisin...*    

     Il montait la garde dans l'espoir fou de voir arriver quelques petits monstres culottés qui auraient bravé les intempéries pour venir quémander leurs lots de calories sucrées qui finiraient à terme par les rendre obèses...

     Je me réjouis secrètement de ne pas être la seule à les attendre avec ma boîte de chocolats périmés et ma corbeille  de bonbons au poivre... J'en avais profité pour aérer mes gencives en jetant mon dentier aux orties , sur la tête de l'éternel crapaud pustuleux qui hantait mes plates-bandes sans jamais se décider à se transformer en prince charmant , malgré mes étreintes amoureuses... Le projectile avait fini par le réveiller , et il roulait des yeux énamourés en coassant lamentablement .

     Je jetai un regard circulaire autour de moi où tout sentait le soufre et l'épouvante ... un rictus horrible entr'ouvrit alors mon bec-de-lièvre : tout était fin prêt pour recevoir les mômes de mon quartier !

* La phrase est tellement longue qu'on dirait du Proust , non ?